08/10/2017

Définir de nouvelles règles et dispositifs pour améliorer la mobilité du travail

Avec le nombre élevé des emplois non pourvus en France, la question de la mobilité des demandeurs d'emploi revient sur la table. Même s'il ne s'agit pas d'une solution miracle pour faire baisser le taux de chômage, une politique forte et ambitieuse de mobilité doit émerger rapidement. La mobilité pour le travail ne doit pas être vécue comme un choix par dépit, mais comme une opportunité à saisir afin de rebondir sérieusement. À long terme, cette notion doit créer un ancrage culturel fort dans l'esprit des Français. Or, aujourd'hui, on s'aperçoit surtout que la mobilité fait peur ou n'encourage pas suffisamment les candidats à tenter leur chance un peu plus loin.

 

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Les freins à la mobilité

Hormis les personnes âgées ou celles incapables de se déplacer pour des motifs médicaux, les raisons qui peuvent expliquer la réticence au déplacement des travailleurs sont multiples :

- un fort ancrage local : la personne est très attachée à sa ville (ou à sa région) et souhaite uniquement travailler dans un périmètre relativement proche de ses repères. Les motivations à rester sont d'ordre culturel et affectif.

- un désir de stabilité : la personne a déjà vécu plusieurs déménagements pour le travail et souhaite se sédentariser pour de bon. Ce besoin arrive naturellement avec l'âge, lorsque la personne souhaite voir ses enfants grandir dans un environnement sain.

- la peur de l'inconnu, des difficultés d'intégration : un nouvel emploi ailleurs signifie une nouvelle vie. Certains appréhendent ce que pourrait être cette nouvelle vie et craignent de devoir affronter la solitude.

- une ville peu attractive : à part l'emploi, la nouvelle ville ne possède pas (ou peu) d'attributs aux yeux du travailleur. Soit par expérience personnelle ou par conseil, il se refuse à aller travailler dans un secteur qu'il n'affectionne pas.

- des difficultés d'installation : soit à cause d'un coût trop élevé (loyers, coût de la vie, frais de déménagement...) ou de démarches trop complexes. En effet, il peut être difficile pour des personnes à peine arrivées de se loger (louer un appartement requiert plusieurs fiches de paie à présenter au bailleur), ou de subvenir à ses besoins en attendant le versement du premier salaire.

Concernant ce dernier point, les pouvoirs publics ont des moyens d'action pour faciliter l'installation des personnes fraîchement embauchées.

 

 

Deux pistes à explorer : réforme locative et aide au financement

Assouplir les règles de la location

Aujourd'hui, les règles de location d'un logement sont si strictes qu'elles en deviennent des barrières à la mobilité. Il est impossible de louer un appartement (sans garant) sans soumettre au moins 3 bulletins de salaire au bailleur et une photocopie du contrat de travail en CDI. Pourquoi un tel protocole de sécurité en France alors que dans d'autres pays, un simple mois d'avance suffit ? Les règles fixant le cadre d'expulsion d'un locataire mauvais payeur sont assez sévères en France et pas toujours du côté du propriétaire (exemple : trêve hivernale). Celui-ci veut donc s'assurer au maximum que son locataire sera en mesure de payer et favorisera ceux qui ont un emploi fixe depuis un certain temps. Malheureusement, les nouveaux venus dans une ville n'auront pas d'autres choix que d'aller à l'hôtel ou de se faire héberger par de la famille ou des amis.

De même pour la fréquence de paiement des loyers. Un locataire doit pouvoir régler (s'il le souhaite) 6 mois ou 1 an de loyer d'avance afin de s'installer sereinement, ce dont il n'a pas le droit aujourd'hui.

Il faut donc assouplir les règles encadrant la location afin que chaque personne puisse trouver un logement adéquat en quelques jours et non plus en quelques mois.

 

Création d'un « crédit express » pour les nouveaux embauchés

De la même manière qu'avec les bailleurs, les maisons de crédit n’acceptent de prêter qu'à ceux pouvant justifier plusieurs mois de salaire au moment de la demande. De plus, les délais de réception des fonds peuvent atteindre plusieurs semaines en raison du délai légal de rétractation de 14 jours obligatoirement respecté par les organismes. Les personnes aspirant à être mobiles n'ont donc pas toujours les moyens de s'installer correctement et l'aide mobilité du Pôle-emploi n'est clairement pas suffisante lorsqu'il s'agit d'une famille.

En partenariat avec les banques et les maisons de crédit, il serait possible de créer un prêt personnel à faible taux, spécialement dédié à l'installation des travailleurs fraîchement embauchés en CDI (et leur famille) et obtenu en 72H suivant la fin de la période d'essai. Ce prêt ne serait valable que pour un emploi situé à plus de 100 kilomètres du domicile du travailleur. Le capital emprunté serait destiné à financer la vie courante (dont l'hébergement) pendant 3 ou 4 mois et le remboursement ne débuterait qu'à partir de l'année suivante (voir également cet article qui traite de ce sujet).

 

Ces mesures ne seront peut-être pas suffisantes pour résoudre de manière définitive le problème, elles pourraient en revanche redynamiser considérablement le marché de l'emploi.